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L'acheminement des vaccins : un défi historique pour le monde du transport aérien

8 min Publié le

Comment transporter à travers la planète des milliards de doses de vaccin, dont certaines devront être conservées à -80°C ? C’est l’incroyable challenge que vont devoir relever aéroports et compagnies aériennes.

Le destin du monde est suspendu à un vaccin. Depuis début novembre, les annonces pleines d’espoir s’enchaînent : les candidats de Pfizer, Moderna et le russe Spoutnik sont tous annoncés efficaces à 95%. Une fois les agréments officiels obtenus, les premières campagnes de vaccination peuvent débuter d’ici à la fin de l’année comme c'est déjà le cas au Royaume-Uni. Le vaccin sera à n’en pas douter LE sujet de 2021, l’espoir d’un retour (progressif) à la vie normale.

Les scientifiques ont fait leur part du travail. C’est maintenant à toute la chaîne logistique de faire le sien et de préparer dans les meilleures conditions ce que certains appellent déjà le « défi du siècle ». Le principal challenge sera de distribuer les milliards de doses dans tous les pays du monde, dans un temps imparti court et en respectant la très exigeante chaîne du froid.

 

L’équivalent de 8 000 vols Boeing 747

Plus de la moitié des doses de vaccin dans le monde devrait être transportée par fret aérien, en raison de la rapidité et de la fiabilité de ce mode de transport. L’aéronautique permet d’acheminer au plus vite des doses dans le monde entier, alors que les centres de production seront répartis sur toute la planète, en Chine, aux États-Unis, en Russie, au Brésil ou en Europe. De plus, l’aérien bénéficie d’un maillage fin des territoires, permettant de livrer les vaccins au plus près des bassins de population. L’IATA, l’Association internationale du transport aérien, a fait le calcul : l’acheminement des vaccins représenterait l’équivalent de 8 000 vols Boeing 747 tout cargo. L’organisation professionnelle prévoit rien de moins que l’opération la plus importante jamais éprouvée par l’industrie du cargo aérien.

Les vaccins ne se contenteront pas de voyager en soute sur les avions de ligne. Des ponts aériens sont d’ores et déjà prévus, sur le modèle de l’acheminement de matériel médical du printemps dernier. Air France Cargo compte bien capitaliser sur cette expérience, comme son directeur général Christophe Boucher l’a confié au quotidien Ouest France : « Lors du premier confinement, le pont aérien entre l’Asie et la France a représenté plus de 135 vols pendant quatre mois. Alors que le monde était à l’arrêt et les frontières fermées, nous avions pu monter une chaîne logistique solide et efficace ».

 

Respecter la chaîne du (très très) froid

Les aéroports sont déjà sur le pied de guerre. Alors qu’il reste une incertitude concernant les vaccins qui seront finalement approuvés, il faut parer à toutes les éventualités. « La distribution du vaccin sera très complexe, surtout pour les vaccins qui doivent être stockés à des températures extrêmement froides », estime l’infectiologue américain Amesh Adalja. Deux vaccins, parmi les plus en vus, sont concernés par ce problème : le vaccin de Moderna doit être conservé à -20°C et surtout le candidat de Pfizer nécessite une conservation à -80°C.

Le défi est considérable : si le marché mondial du fret est habitué à transporter des vaccins entre 2 et 8 degrés, de telles températures négatives sont inédites. Le vaccin de Pfizer sera transporté dans des boîtes réfrigérées spécialement conçues par le laboratoire américain afin de permettre de maintenir cette température polaire pendant 10 jours. Un système de capteurs permettra de suivre en temps réel la température à l’intérieur de ces boîtes. « Certains types de réfrigérants sont classés comme marchandises dangereuses et les volumes sont réglementés, ce qui ajoute une complexité supplémentaire », indique en outre l’IATA dans un récent communiqué.

Autre défi majeur : celui de la sécurité. Certains vaccins sont très onéreux et les risques de vols seront élevés. Pour faire face à ce risque, les aéroports pourront miser sur leur expérience : « Les infrastructures mises en place, telles que les clôtures de sécurité, l'accès restreint aux zones pharmaceutiques, la vidéo-surveillance 24h/24 et 7j/7 et les systèmes d'alarme anti-intrusion joueront un rôle primordial », prédit un acteur du secteur aéroportuaire. En France, la gendarmerie a prévu de mettre en place une « bulle de protection » autour des avions, sur le modèle de l’opération menée au printemps pour sécuriser l’acheminement des masques.

 

Un premier avion rempli de vaccins à Santiago

D’ailleurs, les gestionnaires d’aéroports se préparent en adaptant leurs infrastructures aux besoins spécifiques de leurs clients, que ce soit par la création de nouveaux espaces logistiques ou le recrutement de personnel afin d’assurer la sécurité des hangars et accélérer les procédures douanières. Les aéroports qui travaillent en réseaux, comme les 45 plateformes opérées par VINCI Airports à travers le monde, sont mieux armés pour se préparer à ce « défi du siècle », tant pour mutualiser leurs forces que pour se coordonner avec les compagnies aériennes et les logisticiens entre les villes de départ et d’arrivée des vaccins.

A Santiago du Chili, la concession de VINCI Airports est prête à relever le challenge. Début novembre, un premier avion rempli de vaccins s’est posé sur la piste de l’aéroport Arturo-Merino-Benítez. A bord de ce vol KLM Cargo, 6 000 doses du candidat chinois CoronaVac, destinées à la dernière phase des essais thérapeutiques. Une forme de répétition générale !

La compagnie chilienne LATAM Cargo se tient également prête pour l’étape suivante. Elle est la seule à bénéficier en Amérique du Sud de la très stricte certification « CEIV Pharma », que délivre l’IATA pour le transport de produits pharmaceutiques. « Cette reconnaissance nous permet d’être en très bonne position pour relever le «défi du siècle» », estime Cristina Oñate, directrice marketing de LATAM Cargo. Une fois le vaccin autorisé, le gouvernement chilien prévoit un large plan de vaccination, avec 20 millions de doses annoncés pour le premier semestre 2021. Autant de vaccins qu’il faudra acheminer sur le sol chilien !