N. N. Du point de vue de l’économie aéroportuaire, nous sommes tout à fait capables de financer notre transformation écologique sans surcoût pour les usagers. Sur les marchés les plus avancés, par exemple, nous développons les capacités aéroportuaires par une optimisation des espaces existants, une gestion plus fine et technologique des flux. Cela libère des marges de manœuvre financières que nous pouvons réinvestir dans la transition environnementale, en investissant massivement dans des panneaux photovoltaïques par exemple. Nous agissons aussi pour encourager le changement à l’échelle de notre secteur à l’image des tarifs incitatifs que VINCI Airports accorde déjà aux compagnies utilisant des avions moins émetteurs de CO2, ou de notre participation aux programmes innovants sur les carburants du futur. À quelles évolutions faut-il s’attendre dans les comportements des voyageurs à l’issue de la crise sanitaire ? J.-F. R. La prise de conscience écologique est particulièrement sensible chez les jeunes : ils ont toujours autant envie de voyager, mais hésitent désormais à aller loin. C’est une tendance à prendre en compte, et je ne comprends pas les dirigeants qui déploient encore de mauvaise grâce leur politique de responsabilité environnementale : il faut que ça change ! Trop peu d’acteurs ont, à l’image de Voyageurs du Monde ou de VINCI Concessions, initié véritablement leur transition écologique. N. N. Ma conviction, c’est qu’il faut transformer positivement le challenge écologique auquel la jeune génération invite nos entreprises : c’est en écoutant ses préoccupations que l’on peut apprendre, comprendre, et en fin de compte agir face à l’urgence climatique. Attention, aussi, à ne pas oublier que de nombreux pays manquent encore cruellement de réseaux et d’infrastructures. Pour ces territoires, la décarbonation des transports sera un enjeu de développement vital Et nos autoroutes réduisent significativement leur empreinte environnementale, comme à Lima au Pérou. Je constate, d’ailleurs, qu’il est beaucoup plus facile d’avancer sur ces sujets maintenant que la prise de conscience est quasi générale chez nos clients, ainsi que chez nos salariés : nos équipes sont hypermotivées par l’implémentation de solutions vertueuses sur le plan environnemental et je les félicite et les encourage dans leur engagement. Ces mesures ne risquent-elles pas de renchérir le prix du voyage, et de le rendre moins accessible ? J.-F. R. Certes, la transition écologique a un coût qui peut faire augmenter le prix des voyages, mais cette hausse resterait modeste. Par exemple, le prix d’un billet d’avion dépend fortement du remplissage et du délai de réservation, donc les consommateurs attentifs arriveront toujours à bénéficier de trajets accessibles. Enfin, un surcoût potentiel n’est pas une raison pour ne pas agir : la planète vaut bien plus que ça ! POsitive mobility 08 — 09